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GARDAIR CHRISTIAN
« Et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis… » En 1943 j’ai tenu la charrue derrière le cheval des labours. La brillance du soc ouvrant la belle terre grasse du Gers m’a fait PEINTRE à jamais. Cette empreinte comme une plaie ouverte au cœur mystérieux du sol et qui cicatrisera pour donner son fruit de blé ressemble à mon entrée en vie : sillon et sillage en temps de guerre mondiale. Gravure au burin dans la fragilité de ma biologie, ruine exhumée qui tend à son effacement. * En 2000, j’ai connu l’instantanéité du Temps perpétuel densifié sur les parois de la grotte de Lascaux où quelques frères humains par les traces de leur « passe »-« âge » (PASSAGE) m’ont immergé dans le continuum de la Présence (Yves Bonnefoy). Constance transhistorique de nos empreintes génétiques constamment renouvelées dans l’admirable tremblement du Temps. Expérience primaire que le RYTHME est avant la forme, exprimé par les « pointillages » noirs charbonneux. * Nuit meurtrie du 27 novembre 1942 à Toulon telle un bruyant feu d’artifice porteur du mot SABORDAGE qui couvrira les plages d’un épais et noir mazout, à la SOULAGES. Empreinte des premiers termes adultes : Guerre, Exode, Réfugiés, Faim, Marché noir, Tickets d’alimentation, Prisonniers, Résistance, Otages… Fini le BLEU méditerranéen inscrit dans les chiasmes des profondeurs neuronales au profit des ocres de la petite Gélise dont la traversée à gué de nuit, sur les épaules de mon père et le sabot perdu… * STOP * Je suis le PEINTRE à « la langue coupée » (Matisse). Je ne suis pas là pour écrire ma vie. Je ne suis ni philosophe, ni penseur, ni psychiatre, ni psychanalyste mais bien le maître d’œuvres dont le premier mérite est d’être « UNE FETE POUR L’ŒIL » (Delacroix).
* Mise en tension LA PEINTURE →TUE←LE MOT →TUE←LA CHOSE * Dire : 1967→ 1974 et la maison du chêne vert. Affirmer que « quiconque regarde avec discernement considère d’abord la manifestation des souffles » (WANG WEI). Dire l’ancestrale répétition du TRAVAIL RURAL encore à l’œuvre = TRAVAIL sur le TRAVAIL. * ESPACE-ESTUAIRE=EMPREINTE ? * Passage-Paysage * Trois choses ne laissent pas de traces : - le serpent sur le rocher - l’homme dans la femme - le sillage du navire * La trace : du Temps, des rencontres, des savoirs S’efface et disparait. Peut-on parler d’EMPREINTE ? * Ce qui me façonne dans la durée des jours, Cette trace passagère de la lutte d’être au monde, Ce devoir de vérité de PEINTRE face à son motif, Ce chemin où l’on avance est le LIEN. * 1946. J’ai vu à Brest (ma ville natale) une bordure de trottoir au milieu des pierres, au lieu de mes premiers jours. 1967. BREST ville nouvelle… Si empreinte il y a, c’est dans ma biologie fugitive. * Peinture comme pansement fragile, hydrophile, nécessaire pour laisser un peu de place à la cicatrisation des blessures communes en temps de Shoah. Fidélité aux artistes de 1945 – 1950 qui ont ouvert les portes du renouveau de l’espoir. * En négatif, en positif la main pose sa trace d’hominidé. Jeu constant du processus de STRATES où l’effacement et le recouvrement signent L’équinoxe d’une heure entre la terre et l’homme. * Le « patriarche » devenu ce que le Temps a façonné en moi largue les amarres des mots au profit du geste, de la couleur, de la résonance. Ainsi le RYTHME du RESSAC (empreinte) ; le BLEU-ESTUAIRE impose sa présence par recouvrement. J’ai beau séjourner quotidiennement au cadencement du pas le long de ses grilles (pensées pour BISSIERE « in » JOURNAL EN IMAGES) augures printaniers des fleurs fragiles, le Jardin du Luxembourg se verra « COMPOSITION » marquée par l’autorité de « l’EMPREINTE » du fleuve impassible. Ma main NOMINATIVE exerçant son pouvoir sur le besoin rétinien dans l’intime dialogue évolutif qui préside à la naissance de l’énigme – peinture… (Sait-on ce que c’est que PEINDRE ?) va unir les paysages bien expérimentés d’une vie quand la « CHERCHERIE » se fait œuvre ; « TRAVAIL SANS LE SOUCI DE PERSONNE » (Cézanne).